Confinement depuis le pays du fruit confit


Pour ma part, je ne suis pas confiné.  Je suis un soignant, pas un héros, mais plus bas qu'un soignant hospitalier car soignant d'un SSIAD, service de soins à domicile. Dernière roue du carrosse, exclus des protocoles de prises en charge des patients CoVid-19 mais en première ligne quand même. Les recommandations Covid-19 nous survolent, nous, soignants à la marge, en flottement.
Les structures HAD devaient théoriquement s'occuper des patients COVID à domicile, alors je disais à ma cheffe que nous serons certainement sollicités et donc que nous devrions nous équiper en FFP2, au cas où. Elle ne se référa qu'aux recommandations. Je disais donc n'importe quoi.

Le lundi avant le confinement deux collègues dont une intérimaire sont restées chez elles pour fièvre. L'avenir nous dira qu'elles étaient positives aux coronavirus. C'est au même moment que nous recevons un masque chirurgical par tournée et par personne (une tournée le matin et une le soir). Toutefois nos collègues aide-à-domiciles n'aurons des masques qu'au 3ème jour après l'annonce du confinement. Mais aujourd'hui encore, confinement Jour 17, elles n'ont pas assez de masques, 4 ou 5 par semaine (un masque = 4h). C'est vrai qu'elles sont derrière la dernière roue du carrosse, comme nous elles vont faire leurs courses sans masque parce que nos quotas ne prennent pas ça en compte, sauf que les AD font aussi les courses pour les bénéficiaires, ces personnes fragiles à protéger selon notre président.
Les gestes barrières ? bien sûr, allez faire respecter à toutes les personnes, en particulier quand ils ont des troubles psychiques, les règles barrières. Quand ces AD bossent en binôme avec nous elles aident à la mobilisation des personnes. contact.

Une lettre collective pour demander plus de protection pour nous même et surtout pour les bénéficiaires a mis en colère notre cheffe. Et oui, la contamination selon elle est surtout manu-portée et les masques sont inutiles. Le Japon et la Corée du Sud nous rappellent chaque jour un peu plus du contraire.
Confinement Jour17 après un cas positif et une suspicion de plus au sein de nos effectifs, notre supérieure, envoie sur le groupe réseau social (créé suite à la lettre) des félicitations à une autre équipe qui s'est occupée d'un patient Covid en retour d'hospitalisation en suspicion covid et sans masque FFP s'il vous plaît ! Le Jour où la Bretagne annonce la mise en place de gymnase pour mettre en quarantaine les suspects covid.

Nos effectifs sont aussi amputés de deux autres collègues du fait des aléas généraux du virus.
Heureusement la présidente régionale nous rassure en promettant 4 élèves infirmières d'une autre ville... qui ne connaissent pas les tournées, mais qui intégreront une équipe cluster du virus.

Pendant ce temps la France applaudit les soignants, le Président les salue. Les caissières, les agriculteurs, les livreurs, les ouvriers, les pompiers. Tous ces travailleurs essentiels qui subissent le ruissellement de l'argent vers les hautes sphères de la phynance pompeuse. Toute cette France chair à canon envoyée à la guerre sans fourbi. Les références historiques fleurissent autour de Tchernobyl ou du sang contaminé. Une guerre bactériologique sans masque. Quand l'ennemi se cache il faut le débusquer, le tester. Ainsi, si le virus nous agresse et la réaction a été tardive, l'Etat met en place le processus de responsable mais pas coupable.

Devant ces recommandations lacunaires et le manque de matériel, se développent des attitudes liées à l'ignorance ou induites (sans exclure l'égoïsme dont est friand le libéralisme) par un message de prévention polysémique (la prévention n'est pas que celle qui prévient avant l'arrivée du problème, la prévention tertiaire, la communication du gouvernement, est celle qui cherche à éviter le pire quand la menace est présente). Vous devez ne pas sortir mais vous pouvez sortir le chien, faire les courses, courir et travailler. L'entendement de l'ego ne passe pas par le privatif, il entend [sortie], plus que [pas sortie]. Et puis ce n'est qu'une grippette avec les chiffres faussés de la Chine. Ces conduites ensuite fusionnent avec les problèmes pré-sras2. La Base de la prévention : un message court et précis : ici le président fait des allocutions, mais ces ministres annoncent les mesures qui font mal, plus tard. Puis la porte-parole y ajoute un langage tout à elle.

L'indignité se dirige avec force vers les soignants et leur système de santé attaqué lâchement par... les VOLS : des masques jusqu'aux respirateurs. Les voitures d'infirmières libérales braquées, des stocks d'hôpital pillés. Et oui la pénurie première, celle commise par l'Etat crée la demande. Comme ils disent c'est le Marché de l'offre et de la demande.

Le reportage classique du JT de 20h, des violences conjugales  nous présente deux gendarmes dans leur voiture, sans masque, puis dans une cage d'escalier, avec des masques chirurgicaux. Ils toquent à la porte d'entrée de l'appartement, la femme ne veut pas porter plainte, le voisin avait appelé, ils repartent. L'un des gendarme avait placé son masque sous son nez, puis, en descendant les escaliers il le plie précieusement, certainement pour le réutiliser. La pose de masque étrange et délétère a pourtant été revue le lendemain dans un EHPAD.

Mon regard était d'abord concentré sur le masque m'étonnais-je ! Pourtant quoi de plus choquant qu'une personne fragile impossible à défendre ! Ainsi tous les résidents d'EHPAD, et je ne n'oublierai certainement pas le résident d'une MAS, décédé trop du fait du délaissement dont je vous parlais plus haut qui affectent aussi ces centres pour adultes handicapés... Oh ! Emmanuel Macron n'oublie pas les autistes le jour international de l'autisme et 17ème jour de confinement!!!! ? Rappelons simplement que le début de son mandat commençait l'année du renouvellement du plan autisme, toujours en attente. Il a d'abord fallu baisser les impôts des riches, maintenir une prime d'incitation à l'embauche sans contrepartie, continuer de baisser les caisses de l'état et des municipalités en supprimant la taxe foncière, faire croire à une augmentation de salaire en prenant dans le salaire brut à hauteurs des cotisations santé et retraite, pour ensuite réformer au 49-3 et aux mensonges la réforme des retraites.

Les recommandations sont claires : les médecins de ville et les IDE libérales ont le droit à des masques FFP, pas les services à domicile, pas même les aide-soignant(e)s qui bossent en collaboration avec ces dernières, ni même les IDE du SSIAD. règle de pénurie ou d'idiotie, l'aide-à-domicile est celle qui reste le plus longtemps avec un bénéficiaire, ensuite les aide-soignant(e)s, puis les infirmières puis les médecins. Par contre il est vrai que l'échelle des salaires et inverse, et ainsi celle de la reconnaissance.
 Les pharmaciens ne sont sensés porter que des masques chirurgicaux mais certains portent des FFP2. Après tout le président portait aussi un FFP2. Et ils montrent l'exemple... et la vérité au peuple : seul le FFP2 permet d'éviter de contracter le vicieux virus. Alors bon, l'injonction des masques uniquement pour les soignants... une personne sur deux porte un masque, des entreprises font des dons pour les familles des employés, des personnes en mettent quand ils sont seuls, dans leur voiture, les mettent autour du cou, les touchent, les remettent. Mais ces masques chirurgicaux n'évitent pas d'attraper ce covid-19. Alors des spécialistes de villes restent chez eux tandis que les employés de la santé et les médecins traitants sont réquisitionnés et essuient des contaminations et des pertes. Les kinés ne sortent plus ici. Pourtant j'en avais vu une début d'épidémie sortir avec un... FFP2 ; un de gâché.

Nous assistons aussi à la modification des conduites en fonction de la pénurie. Autant lors d'un conflit l'état lançait l'industrie dans l'effort de guerre, autant l'économie libérale, sa libre concurrence, sa croissance immatérielle, ont sorti l'industrie du pays, et la Politique a fait des économies de masques. Les soignants se mettent donc à tisser des masques en tissu et sopalin, d'autres voient même leur direction éditer une consigne de lavage et d'économie de masques, d'autres mettent leur masque au micro-onde, là les soignants se fournissent en masques de plongée, là-bas un imprimeur 3D offre des masques aux infirmières libérales. Total offre des bons d'essences aux soignants des hôpitaux et des EHPAD, pas des SSIAD ou de la psychiatrie. Chacun fait l'aumône aux industriels qui suçait la moëlle de l'Etat : L'ETAT A FUIT SES OBLIGATIONS, SES MISSIONS, SES DEVOIRS et il rame dans la crise.

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