vers la déréliction citoyenne [municipales 2014]

Déréliction : n.f, du latin derelictio, abandon, désigne le sentiment qui s'y rapporte ou le sentiment de solitude morale.
Rime tristement avec élection en ce jour, comme le gazouille médiapart : "Record d'abstention aux municipales, percée du FN, effondrement du PS".


Cela ne suffit pas à expliquer la déréliction grandissante à chaque élection.

1- Vision d'un futur soignant : Les hôpitaux sont dans le rouge du fait d'un pan de la loi HPST (2009), loi demandée par l'Europe pour faire entrer la Santé dans la libre la concurrence. Mme Bachelot voulait faire disparaître le statut public des hôpitaux (elle n'a pas même réussi à faire disparaître les vaccins antigrippaux) , il ne sera finalement garder que la notion de collaboration privé-publique. Dans cette logique, les directeurs d'hôpitaux deviennent des gestionnaires soumis à cette loi et doivent toujours s'accommoder des exigences de la T2A, tarification à l'activité, qui augmente les inégalités territoriales. La loi devait diminuer les dettes des hôpitaux, mais la réalité est tout autre.
Au lendemain des présidentielles "normales", une ministre de la santé était nommée, une ministre qui déclara qu'il faudrait revoir la T2A. Certainement pour galvaniser les espoirs mis dans le changement de gouvernement, en tout cas pour  les plus naïfs d'entre nous. Plus de nouvelle de ce genre de réforme. Au contraire, nationalement parlant, le gouvernement tire au centre, en matière économique cela équivaut à se soumettre à l'économie libérale, celle qui n'a plus de concurrence (sic).


Ceci est bien la cause du chemin vers la déréliction du citoyen qui nous occupe. En effet, la politique devrait se concevoir plus vaste que l'économie puisque que la seconde est seulement une subdivision de la première. Ce n'est pas à la seule économie de décider de notre santé, de la répartition des richesses globales, de la protection de l'environnement... et c'est pourtant ce qui arrive. Le nucléaire nous est ainsi annoncé propre et pas cher, on ne peut pas dire que ce soit un discours ni réaliste ni désintéressé !

2- Vision géopolitique d'un lecteur de journaux : Ce n'est par hasard que la Russie a envahi sans hésiter la Crimée. D'un côté, elle sait très bien russifier des zones stratégiques hors de ses frontières, de l'autre la Syrie lui a montré la faiblesse de la politique européenne et états-unienne. Ajoutons (des fois qu'elle aurait pu être utile) que l'ONU a été affaibli de facto par sa construction dans l'esprit colonialiste et l'affaiblissement (voire l'intimidation ) des premiers secrétaires généraux et son affaiblissement par l'économie elle-même, naissante du côté de Lausanne avec l'idée que l'Etat ne devrait plus diriger puisqu'il a mené à la guerre : le FMI puis le G8 (G5 en 1975) par exemple ont été créé par les pays dominants pour affaiblir l'ECOSOC (vous vous étonnez de connaître uniquement les deux premiers ?)
La Russie, membre permanent du Comité de Sécurité (gloups) de l'ONU, a soutenu le dictateur syrien, et ainsi celui-ci continue de sévir. Alors elle savait déjà que la Crimée n'était pas le Koweit. Et puis la Russie a une amie qui peut confirmer : la Chine. Cette dictature-ci a été invitée à entrer à l'OMC, à accueillir les Jeux Olympiques, l'économie dominante disait que cela la pacifierait, la démocratiserait. la quatrième exportatrice d'armes dans le monde (après les Etats-Unis et la Russie) ce serait à relativiser puisque , Angleterre, France et Allemagne ensemble représenterait le réel 3ème exportateur. Pas de quoi être fier.
Pour l'économie, une démocratisation correspond plutôt à une ouverture / extension du Marché. Alors d'un côté, le parti dictatorial profite de son impunité et des paradis fiscaux, et de l'autre, malgré un boycott sur les ventes d'armes, avec son armée qui est devenue la deuxième plus importante au monde (peut-être la première) sur la période 2008-201.
Ainsi donc la démocratie à l'occidentale flanche face aux dictatures. Pendant la crise, la Chine rachetait les dettes aux états européens, et maintenant alors que l'Europe s'insurge de l'invasion armée, peu d'états voudraient mettre en place de réelles sanctions. Pour ne prendre qu'un seul exemple, la Grèce : son gouvernement ne veut pas suivre l'idée de sanctions lourdes contre la Russie, en effet l'Europe (la troïka) lui a imposé un régime sec de privatisation qui eut pour conséquence l'arrivée des roubles dans son économie à un point telle qu'elle n'oserait aujourd'hui froisser Moscou.

Tandis que l'économie libérale entraîne un glissement politique (et des blanchiments) dont les grands traits sont effrayants, la politique de l'Union Europeénne, lorgnant sur Ukraine et Géorgie, espère une extension territoriale pour cette même économie mais récolte surtout des heurts contre la dictature (elle qui ne place pas son identité en dessous de l'économie).

Au-delà de nos frontières, nous ne sommes pas marchands de bonheur, et c'est dommageable ! Quant aux municipales d'un pays encore sous perfusion démocratique, que l'abstention soit si forte, qu'elle "permette" au FN de gagner des points, c'est inadmissible. C'est un soleil noir qui nous afflige tous, votants, non votants, et qu'importe notre bord politique, comprenez, et messieurs les politiques autant que les citoyens, qu'il ne faut pas FAIRE couler la barque.


En attendant un réveil politique... cette nuit est définitivement sous le signe de la déréliction.

Commentaires

Articles les plus consultés