Nous, drôles de bêtes
Nous, drôles de
bêtes, n'en démordons pas de notre indépendance ni de notre
individualité,
que nous ne voyons
pas notre grégarité ni notre indivisible dualité.
Comme des gens
moyen-âgeux ayant honte de notre corps malin et glorifiant notre âme
bénie,
nous tendons à
rejeter l'animalité en notre être, à glorifier l'intelligence de
notre esprit.
Prenons nos
réflexes, ils sont un de nos héritages les plus primaires, propres
à toutes les espèces vivantes. Ils représentent la sauvegarde de
soi par le principe de rétractation ou de fuite pour éviter un
danger ou le prévenir. Notre intelligence (ou notre angoisse ) peut
même se mettre à son service en anticipant le danger, nous
permettre de prendre de l'avance sur, par exemple, des loups nous
ayant pris pour cible... ou le danger d'une centrale nucléaire ou du
réchauffement climatique.
Ce réflexe peut
même se faire partager au groupe : un ban d'oiseau, un ban de
poisson, un troupeau de gnou, une foule en « panique ».
Réflexe grégaire (corps) auquel se soumet « l'intelligence »
(Cerveau), elle cède ainsi intelligemment (ou pas, c'est toute
l'efficacité ou le défaut d' un ordre binaire ) à un centre
neuronal plus primaire, plus rapide.
Primaire, troupeau,
réflexe sont souvent catalogué ( à tort, et sur les bases d'un
complexe psychologique ) sur un registre négatif : une vache ou
un mouton est considéré comme bête du fait de leur confiance
absolue en leur groupe / troupeau. Ils considèrent comme la base de
la sécurité, et non le territoire, celui-ci étant partagé (ou
appartenant dans le cas de l'Homme ) avec les prédateurs.
Pour en rester aux
moutons, il existe même une expression : se comporter comme les
moutons de Panurge. Les anglais, eux, utilisent : être bête
comme un dodo. L'expression anglaise, rappelons le, vient des colons,
arrivés sur l'île Maurice, qui ont trouvé ridicule que lorsqu'un
dodo hurlait de douleur sous les coups des chasseurs, ses camarades
volatiles accouraient. On peut encore voir l'humain se moquer de
cette propension grégaire réflexe inadaptée (les dodos n'avaient
pas de prédateurs avant l'arrivée de l'homme sur l'île) de par
cette expression, et par la mise en image dans le film d'animation
l'Age de Glace.
Quant à nos moutons
de Panurge, initialement ce n'était pas la bêtise de l'animal qui
était dénoncée par Rabelais mais le lucre humain ainsi que sa
propension à suivre sans réfléchir (ce qui est bien plus
affligeant, puisque que l'Homme se targue d'être le plus intelligent
des êtres vivants ). Ainsi, Panurge ayant jeté un mouton
fraîchement acquis à la mer, non seulement le reste du troupeau
suivit, mais aussi les bergers, car ces derniers considéraient les
bêtes hautement précieuses du fait de leur toison d'or. D'ailleurs,
cet esprit est resté aussi dans l'inconscient collectif, lorsqu'on
dit à un enfant : « si on te dit de sauter par dessus le
pont, tu ne vas pas le faire quand même ! »
Si pour le cas du
dodo, il y avait eu un écrivain rabelaisien, il aurait sûrement
dénoncer la bêtise du colon. Le chasseur se moque de l'oiseau qui
ne fuit pas le danger mais quel genre d'individu, conscient d'être
dangereux pour des êtres inoffensifs, n'est pas considéré comme à
enfermer ?
Dans cette
débandade, de qui sommes nous les moutons dès que nous réagissons
de concert, par exemple lors de l'actualité grecque, lors
d'élection, d'évocation de mots clés tels :« crise »,
« dette », « migrants »… ou PSG/OM.
De qui sommes nous
les dodos ? Un homme, un certain Jaurès, avait bien tenter de
prévenir le peuple, mais il se fit assassiner.
Dans quelles eaux
troubles sommes-nous prêts à nous jeter en laissant arriver ce
qui nous scandalise, nous insurge, nous indigne ?
Comment retrouver
notre équilibre entre intelligence individuelle et grégarité
réflexe ?
PS :
Cadeau :
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