la beauté plastique de notre pays

  Je veux vous montrer la beauté de notre pays. En effet, notre pays se targue d'un attrait touristique sans limite. Je veux vous montrer un lieu particulièrement attractif, le Luberon. En effet, nombre de nantis de ce monde aiment à se rendre en ce parc naturel régional, dont certains ont des capacités de manœuvres importantes. Et c'est peu de le dire puisque par exemple un certain Edouard Philippe est venu dans le 5 étoiles de Gordes, ou encore Obama, qui a emmené sa famille arpenter la falaise de Lioux.

  Voici le Pont Julien, un pont romain, sur la piste cyclable, fleuron du tourisme cycliste européen qui relie Coustellet à St Martin de Castillon, se faisant, elle suit la rivière locale, le Calavon, un affluent de la Durance, affluent du Rhône, irrguant Camargue et mer Méditerranée.


  Une telle beauté qu'à chaque vague de touristes, la toile et ses réseaux sociaux s'emplit plus encore de photos partagées, en évitant bien de montrer les voitures (obligatoires pour venir, au mieux un car). La piste quant à elle emprunte l'ancienne voie ferrée.


  En début d'année j'ai découvert le concept de violence lente de Nixon (pas le président américain), celle qui est muette, qui utilise les couloirs invisibles pour se propager et placer son implacable et inéluctable frappe. D'ailleurs Nixon  applique son concept pour la crise écologique.

  J'ai croisé en promenade son concept invisible et sourd cette semaine. Le bruit assourdissant, lui, avait tourné autour des crues, de ces impressionnants événements méditerranéens qui nous frappèrent avec force, de cette eau qui s'engouffrait dans les propriétés humaines et provoquait des pleurs.

   Puis silence. Pourtant, tout physicien sait que l'eau est conductrice. Je suis descendu dans le Calavon après la crue pour les paysages cataclysmique mais je ne m'attendais pas à croiser cette lente violence. Et encore,  ce que je vous montre n'est que la partie visible, ne l'oubliez pas.
A chaque pas, dans le lit nettoyé aux grandes eaux, des plastiques se sont retrouvés coincés dans les branches ou sous les pierres, pour un témoignage que peu de personnes auraient pris en photo. Ici on vient pour le beau.




  Le gouvernement a bien interdit à partir du premier janvier trois objets plastiques : pailles, coton tiges et gobelets. Pas un de ces objets trouvés dans le Calavon. Peut-être n'ont ils fait que passer. Par contre les pots en plastique étaient bien présents, ainsi que deux pneus, des morceaux de bâches, une étiquette Décathlon, un T-shirt pas 100% coton, un emballage alimentaire, etc..

une ancienne mallette


  Vous comprendrez que la violence réside dans cette vision et dans la non prise en compte de l'urgence :  5 ans pour obtenir cette interdiction gouvernementale minimaliste. Encore un an pour d'autres interdictions du plastique et un plan final pour 2040.



 La violence réside aussi dans cette interdiction infailliblement précise prévue pour l'été 2021 : les bouteilles d'eau en restauration collective scolaire. La plupart des écoles utilisent des pichets bien au contraire des hôpitaux, des administrations, des bureaux privés. Les supermarchés et les embouteilleurs d'eau, de Danone à Nestlé, pourront encore jouir de leurs profits mirobolants. Pour des plastiques qui ont une durée de vie plus grande que celle de l'homme c'est fort de café.

 En chiffre, au niveau mondial, ce sont 8 millions de tonnes de plastiques qui se retrouvent en eau salée en un an, et le chiffre est prévu d'augmenter de 22% d'ici à 2025.



  La violence opère à travers l'attentisme humain (quel silence que l'attentisme! quelle violence pour nous et nos enfants !) qui permet la création d'un septième continent de plastique. C'est en fait plusieurs zones de plastiques dans tous les océans, que les nouvelles méthodes de nettoyages mettraient 5 ans pour en enlever la moitié. Pour mettre où ? Et cette lente violence qui opère en montrant aux petits sixièmes ce continent de plastique, des sixièmes vivant dans une France réfractaire au changement. Et là je ne parle pas du gaulois, mais des décideurs !

  Dans ce Calavon, comme dans toute les rivières françaises, des initiatives citoyennes prennent pied pour enlever les déchets. Nécessaires actions pour éviter de dépenser l'argent publique en allant chercher le déchet dans les mers et les océans ! Les administrations publiques peuvent dire merci. Toutefois, la solution résidera bien dans l'arrêt de l'utilisation du plastique qui ne nourrit que la croissance des profits de producteurs-pollueurs. Ceux-ci, à Davos ont encore montré leur déconsidération du problème environnemental.
D'autre part, les budgets publics et privés devraient prévoir l'arrêt de production des matières plastiques, leur nettoyage, leur recyclage, la recherche scientifique pour des alternatives et mettre à l'amende les pollueurs ( Sarkozy en parlait lors des grenelles). Au contraire, l'Etat a surtout amputé les budgets des territoires pour combler sa propre dette infinie sur laquelle les vautours se repaissent.


  La reprise de pouvoir du service publique semble nécessaire et salvatrice. Le modèle actuel de privatisation et de casse du secteur publique empêchent les contrôles (normes de pollution et de sécurité, ASE, code du travail, baisse du nombre de contrôleurs), les contre-pouvoir au privé se retrouvent aussi limités (secret des affaires et puissance des lobbys). Ainsi le green-bashing sévit jusqu'aux hautes sphères d'Etat avec, par exemple une ministre française du travail ex-employée de Danone, Dassault, Orange, le soutien du gouvernement à Total et son huile de palme ou, le déni du réchauffement aux Etats-Unis  avec Trump et son secrétaire d'état jusqu'en 2018 qui était président d'ExxonMobil. Autant dire que les grandes entreprises sont en pleine stratégie hyper-violente en assiégeant la démocratie pour asséner leur idéologie à un peuple hagard et une planète exsangue.

  Ces exemples montrent parfaitement que le changement n'est d'abord possible que par un revirement politique, non de surface comme ce que représente LREM mais de profondeur, avec des personnes sincères, et non menteuses, qui n'écrasent  pas la réalité et la violence par les mots et la distanciation temporelle. En effet le principe de la pénibilité dérangeante ou la négation des violences policières vont de paires avec le non respect par la France des accords de Paris ou de la non prise en compte des recommandations du CESE, tout en temporisant l'urgence climatique via un groupe citoyen qui reprendra in fine les rapports scientifiques du dit CESE, du GIEC ou des scientifiques indépendants.
La défiance que les gouvernements opposent à Greta Thunberg est symptomatique. Qui se méfierait d'un cri d'alarme qui relaie les études scientifiques ? Les inconscients !

  Un changement doit être possible par des personnes  authentiques et des groupes engagé(e)s sur le terrain. C'est un changement qui vaut un changement religieux et des prises de responsabilité de personnes qui, pour certaines d'entres elles, ignorent encore leur potentiel politique.

C politique du 19 janvier 2020 avec Alain Bougrain Dubourg et Mathilde Imer

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