Démocratie en Péril? Tibet en exil, Chine, Europe et ailleurs

La situation du Tibet m'intéresse à multiples égards. Mais aujourd'hui, jour d'élections un peu partout, d'élections à faible taux de participation ( on peut se demander ce que vaut une assemblée élue avec guère plus de la moitié des inscrits), je vous parlerai des débats des Tibétains au sujet de la démocratie.
Le premier ministre tibétain (le Kalon Tripa) dernièrement élu a écrit, en tant qu'étudiant une thèse qui s'interrogeait sur les particularités d'une démocratie en exil. En effet un groupe en exil a tendance à se regrouper autour d'un parti, une personne et ne parle que d'une voix. L'étudiant en droit aura bien fait de remarquer l'incompatibilité de ces réflexes d'exilés avec la démocratie et de prôner le multipartisme et la liberté d'expression.
A l'époque de la thèse, le gouvernement en exil de Dharamshala gravitait essentiellement autour du Dalaï Lama qui cherchait à amorcer une réforme pour permettre des élections. A titre plus que d'anecdote, on relèvera que la Chine, la fouine, a empêché la communauté tibétaine en exil du Népal de voter en confisquant les urnes.

Au Royaume-Uni, les réactions dues à la visite du Dalaï Lama qui, depuis, ne participe plus directement à la vie politique de sa communauté en exil, ont provoqué la réflexion d'une citoyenne dans le DailyMail, Michelle Klepper (traduction française). Elle soulignait la beauté du militantisme pacifique du prix Nobel de la Paix et se disait que les nations défendant les valeurs démocratiques et de droits de l'homme devraient prendre un peu plus de distance avec la Chine qui ne cesse de brandir des menaces à quiconque accueille le Dalaï Lama... que l'on sait être un grand voyageur. En effet elle rappelle que le partenaire inévitable de ces nations, la Chine, est tout de même un pays totalitaire qui ne tolère la critique et a la censure facile.
Elle se moque des punitions de la Chine aux hôtes du Dalaï Lama, mais dans le même temps elle s'inquiète de façon légitime que les Pays-Bas et l'Afrique du Sud ont cédé aux demandes insistantes de la Chine de ne pas accueillir le prix Nobel de la Paix 1989


La commentatrice n'est pas pessimiste, je ne le suis pas non plus, mais empreint de réalisme. Il y a bien certains politiques qui mettent en avant les intérêts financiers par rapport aux intérêts des peuples. Par intérêts financiers on comprendra la défense de la croissance et des chiffres d'affaires, des baisses d'impôts, de fonctionnaires, de l'attaque du code du travail et en particulier le CDI. Aider les banques à se remplir en France comme en Espagne, alors qu'elles dilapident les comptes courants des citoyens.
Pendant ce temps chez les Tibétains, une écrivain de renom basée à Pékin, faisait remarquer que le Kalon Tripa avait oublié ce qu'il défendait dans sa thèse.
On aura compris que le pouvoir impose des vues différentes,
on aura surtout compris que la démocratie est affaire de renouvellement et de réflexions éclairées qui n'en finissent pas.
Hors si un débat peu existait dans la communauté tibétaine entre une écrivain et un premier ministre, en France le débat se fige, le buzz y a pris la place; le twit fait jasé la communauté errante des journalistes. Et surtout, quel écrivain s'exprime politiquement ? Le débat est parasité par on ne sait quelle bête. D'ailleurs les invités spécialistes et autres experts sont redondants et ont des amis, voir des employeurs, qui les font tous penchés pour le même côté de la question.
Au niveau municipal, c'est difficile mais existant. Sur les autres niveaux, c'est comme si le citoyen ne savait pas ce qui est bon pour lui... ah oui, c'est vrai que ces citoyens inscrits au bureau de vote ce sont les chômeurs, les alcooliques, les déficients mentaux, les soumis, les minorités ethniques, les racailles à karchériser, les altermondialistes... tous ces citoyens qui ne savent ce qui est bon pour eux, qui ne sont pas sensibles à l'intérêt supérieur (comprendre l'intérêt commun ?) Hors c'est justement le genre de réflexion d'élite dangereuse pour la démocratie qui a poussé Woeser à se faire entendre.

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